Chapitre 4

Photo : Extrait du plan représentant un prévisionnel des infrastructures de surface, établi par la Société Nationale Elf Aquitaine Production en 1986. Annexe 4 du dossier « concession de Cadoul  » copié par Stop Mines 81 à la DREAL de Toulouse.
Zone 1 (250 m de Fumade) : 100 000 m3 de résidus de laverie
Zone 2 (ouest de Fumade) : 110 000 m3 soit 170 000 t de stériles

Plan intégralement consultable ici : http://stopmines81.org/wp-content/uploads/2020/08/Annexe4InfraSurface.jpg
Citations :
L’ONG SystExt : Rapport d’étude de mai 2020
Mr le Maire de Fontrieu : Courrier envoyé au ministre en charge des mines le 8 juillet 2020
Tungstène du Narbonnais : https://tungstene-du-narbonnais.fr/engagements-sur-le-projet/
Tungstène du Narbonnais : Courrier envoyé à la mairie de Fontrieu le 20 juillet 2020

Le 3 décembre, lors de la réunion publique organisée par Tungstène du Narbonnais (TdN), Mr le Maire de Fontrieu questionnait les dirigeants de cette société sur les raisons justifiant leurs absences lors de la réunion publique du 30 septembre. Mr Wessels (Président de TdN), après s’être excusé, tenait les propos suivants : « Nous ne croyons pas que nous serons capables de développer, de faire du business, de développer des projets quelque part sans un partenariat avec le territoire. Et vous allez voir, ce soir, en fonction de ce que nous allons vous dire, que nous croyons que c’est possible de créer une relation qui est au bénéfice de tous. »

Depuis la parution de l’étude commandée par la mairie de Fontrieu et réalisée par l’ONG SystExt, ce partenariat chimérique apparaît plus que jamais improbable. Les points de vigilance à considérer durant toutes les éventuelles phases du projet et les risques environnementaux potentiels ont été inventoriés en page 5, 6 et 7 du rapport. Tous sont suivis de recommandations à l’attention des élus de la commune de Fontrieu. En voici quelques-unes : clarification des engagements du porteur de projet, prise en compte de certains risques jusque-là ignorés, demander aux autorités l’interdiction de tous travaux d’exploration par sondage dans l’emprise du périmètre de protection rapprochée (PPR) du forage d’Arcanic, ainsi que dans la zone du périmètre de protection éloignée (PPE) qui intersecte le compartiment « Centre », etc…

La municipalité, alors qu’elle avait déjà émis des réserves lors de son avis remis au préfet courant 2019, a immédiatement réagi en adressant le 8 juillet dernier un courrier au ministre de l’économie, des finances et de la relance et à TdN. Stop Mines 81 souligne la qualité de ce courrier et le fait que les mises en garde et recommandations proposées par SystExt y sont largement reprises. Face à une telle détermination, et un tel degré de responsabilité, les services de l’État ne pourront pas ignorer ces avertissements, émanant de notre territoire.


Sur ce plan, sont tracées en orange et en vert les zones de protection du forage d’Arcanic. Le rectangle bleu correspond aux délimitations de l’éventuel permis de recherche. Les balises bleues à l’intérieur correspondent aux sondages qui ont eu lieu dans les années 80 et pour lesquels la présence de tungstène est avérée.

Sans autorisations de travaux sur la zone verte,
un permis de recherche pourrait-il être conduit ?

Que l’on soit élu, membre d’associations ou habitant,
la préservation de notre territoire sera notre priorité

Quant à la proposition de partenariat de TdN, dont les fondations auraient été bâties avec un mélange d’imprécisions et d’omissions, le voilà bien compromis. Dans un courrier du 20 juillet, adressé au maire de Fontrieu par TdN, on peut lire : « Il nous appartient, à la Commune de Fontrieu et à Tungstène du Narbonnais, d’envisager ensemble les voies et les moyens de formaliser ces engagements pris par Tungstène du Narbonnais SAS ». Nous félicitons les élus qui, dans un courrier adressé à TdN le 28 juillet, ont répliqué à ces messieurs qu’il n’appartient pas à la commune de Fontrieu d’être responsable des conditions de réalisation du projet.

TdN « […] Pas […] capables […] de faire du business […] sans partenariat avec le territoire. » !

Dont acte ! À l’analyse de ces propos tenus lors de la réunion publique de décembre par le porteur de projet, et aux vues des dernières actualités sur le dossier de demande de PERM de La Fabrié, il ne reste à Tungstène du Narbonnais qu’à tirer les conséquences et oublier son projet de « business »…

Sinon, les mensonges s’ajouteront aux omissions et imprécisions !!

Dans les temps qui viennent, nous reviendrons plus en détail sur ces omissions et imprécisions…

Raison ? Raison comme chercher et réfléchir ? Raison opposé à avoir tort ? Un rapport indépendant sur les enjeux du projet de mine a été remis voici quelques jours à la mairie de Fontrieu, réalisé par une ONG experte.

Mais avant que nous le commentions, revenons donc un peu en arrière…

Il s’est écoulé une année depuis cette soirée du 19 juin 2019, au cours de laquelle s’est constitué notre collectif Stop Mines 81, au milieu de l’étable de la Métairie Haute. D’abord mus pour nos sensibilités et nos intuitions, nous avons occupé cette année à lire, chercher, comprendre, apprendre, interpeller, écrire dans tous les registres que nous pouvions, pour montrer, pour démontrer que ce projet de mine, dit de « La Fabrié », comme tous les travaux miniers, arrivent et demeurent avec leurs cortèges de déboires, d’atteintes sociales et environnementales, inéluctablement.

Bien sûr, nous ne sommes pas des spécialistes des mines, de l’hydrologie, de l’hydrogéologie, de la métallurgie, de la minéralogie, des finances, de l’économie… Nous ne prétendons pas le devenir. Nous prétendons à vivre le plus simplement du monde dans un environnement sain, et aussi préservé que possible.

Rappelons ici nos journées et actions de mobilisation, nos panneaux explicatifs, nos articles d’information, nos démarches vers les autorités et les protagonistes, nos questions à l’adresse des porteurs de ce morne projet, et des acteurs institutionnels, parfois restées sans réponses, souvent éludées, minimisées, voire carrément travesties !

Disons les choses simplement : la mine, ça pollue, sévèrement et définitivement.

Et Stop Mines 81, dès l’été et l’automne dernier, a soulevé par exemple les questions sur les atteintes en termes de qualité et de pérennité des ressources en eau de Fontrieu, des nuisances potentielles sur la santé, des pollutions possibles, des dégradations des écosystèmes locaux…etc, etc…

C’est dans ce contexte, à la fin de l’été dernier, et par ailleurs, que la municipalité de Fontrieu a décidé de faire appel à l’association SystExt, composée de professionnels et d’experts dans le domaine touchant et gravitant autours des questions minières, pour réaliser une mission d’étude sur les enjeux de ce projet de mine de tungstène. Les élus ont voulu avoir un éclairage avisé et indépendant sur cette affaire.

Après plusieurs mois d’études, ponctuées de plusieurs visites sur site à la rencontre de toutes les parties prenantes locales, l’association SystExt a rendu son rapport d’études sur les enjeux du projet minier à la municipalité au début du mois de juin, qui l’a rendu public dans la foulée. Il est disponible sur le site de la municipalité, sur celui de SystExt, ou encore le nôtre.

Sur la forme, ce rapport de plus de 150 pages constitue un tour de force remarquable : les enjeux de ce projet minier, qui font appel à des notions techniques parfois complexes, évidemment spécifiques, sont explicités dans une volonté manifeste de détail, avec une attention constante de demeurer à portée des lecteurs. Un exercice de vulgarisation réussi, dont nous recommandons bien entendu la lecture.

Nous donnons ici quelques éléments marquants et certaines recommandations de SystExt, formulées dans la perspective théorique d’une réalisation du projet minier (un résumé est proposé page 127).

On commence par la présence de 23 métalloïdes et métaux (page 35) dans le sous-sol du projet, dont le plus grand nombre font l’objet de valeurs limites réglementaires diverses quant à leur présence dans l’eau au sens large, c’est-à-dire en termes de rejet dans l’environnement (effluents industriels), ou encore de concentration dans les eaux destinées à la consommation. Certains ont une toxicité élevée bien connue : arsenic et plomb. On les retrouvera dans les gravats générés par les excavations nécessaires pour atteindre les gisements, qui seront entreposés en surface et dans les boues générées par le traitement du minerai, qui seront stockées derrière des digues.. On les retrouvera aussi dans les galeries de la mine. Tous ces travaux miniers vont engendrer leur « libération », et accroître considérablement le risque de leur dissémination dans l’environnement et à travers le temps.

Et précisément, en partie à cause de la survenue très probable du phénomène de drainage minier (page 41). Très schématiquement, cela résulte des séquences suivantes: il pleut, l’eau s’infiltre dans les galeries de la mine et dans les décharges de surface (gravats et boues précédemment évoqués), elle se charge en métaux, métalloïdes et substances chimiques, pour s’écouler mécaniquement dans les cours d’eau, les sols, et les polluer. Nous avons relaté à plusieurs reprises l’existence de ces phénomènes inhérents aux industries minières, par exemple localement au niveau des anciennes mines de Montroc et de Saint-Salvy. Respectivement 15 et 27 ans après l’arrêt de leur exploitation, ces mines continuent à être le siège de drainages miniers. Voici 2 clichés récents qui illustrent le phénomène :

Il y a aussi l’existence bien réelle du risque amiantifère (page 47). Il se trouve que le minerai de tungstène de ce projet est souvent associé à une famille de minéraux particuliers, les amphiboles, et plus précisément de l’actinolite et de la trémolite. Si la qualification d’amiante pour ces minéraux est encadrée réglementairement par des critères précis, les travaux miniers vont conduire à concasser finement ces roches et générer des particules pour lesquelles l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) préconise, compte tenu des risques très graves pour la santé (cancers), d’appliquer la réglementation très stricte de l’amiante. L’exploitation du gisement engendrerait ainsi des risques considérables pour les salariés de la mine. On rappelle à ce propos notre saisine sur cette question de l’Autorité Régionale de la Santé, et sa réponse récemment arrivée. SystExt recommande à la mairie de se tourner vers Tungstène du Narbonnais pour leur demander de prendre en compte ce sujet, pour l’instant totalement éludé.

Sont aussi abordés divers points relatifs aux conditions d’exploitation de cette mine, tels qu’annoncés par le porteur de projet. Nous rappelons ici que ce dernier a publiquement affirmé être ici pour exploiter ce gisement, en émettant des considérations d’ordre technique a minima optimistes, par ne pas dire farfelues : par exemple pas de flottation (page 57) pour le traitement et 90 % des résidus réinjectés en sous-sol (page 65) ! Pour mémoire, la flottation est une méthode de traitement du minerai utilisant des additifs et des réactifs chimiques. Les analyses factuelles de SystExt sur ces 2 points remettent assez directement en cause leurs affirmations, au point qu’il est recommandé à la mairie de demander au porteur de projet de « clarifier » les engagements écrits (qui eux prévoient la flottation, et le stockage des résidus de traitement en surface notamment).

Toutes ces considérations techniques ont de près ou de loin un rapport avec l’atteinte des ressources en eau du secteur. Et l’on entre ici dans un chapitre dense, mais crucial pour le secteur : l’hydrogéologie (page 79). Si leur étude met en lumière la légèreté avec laquelle cet enjeu primordial a été traité par les porteurs de projet, SystExt préconise en contrepoint d’interdire tous travaux dans une grande partie de périmètre, compte tenu de la présence d’un captage d’eau potable, sauf à ce que cette ressource soit volontairement abandonnée ! Par ailleurs, des tarissements de sources sont à prévoir, ainsi que des modifications des équilibres hydrogéologiques potentiellement irréversibles.

Et il faudrait compter aussi avec les volumes très conséquents des eaux d’exhaure (eaux de la mine à évacuer), dont le rejet dans la zone du projet mettrait en péril les cours d’eau du secteur et porterait atteinte à la biodiversité particulière du secteur, composée notamment de zones humides (page 113). Là encore, l’absence manifeste de prise en compte des spécificités du secteur est mise en lumière, et fait craindre à SystExt une minimisation de ces risques en cas de poursuite du projet.

1 an, l’âge de raison ?

Stop Mines 81 a-t-elle raison de militer contre ce projet, a-t-elle raison de vouloir alerter et empêcher qu’il advienne ? Les éléments apportés par le rapport d’étude de SystExt sur le projet minier de Fontrieu conduisent selon nous à répondre à ces questions simplement : OUI !

Souhaitons que la raison l’emporte : il faut dire NON à ce projet.
Tant qu’il ne sera pas abandonné, Stop Mines 81 pour sa part continuera la lutte contre celui-ci.

En attendant de retrouver prochainement notre article où nous évoquerons le rapport de l’ONG Syst-ext, réalisé dans le cadre d’une mission commandée par la mairie de Fontrieu, nous vous invitons à lire la quatrième newsletter de notre association en cliquant ci-dessous :
Newsletter 4

Plus de 300 organisations, dont Stop Mines 81, cosignent et publient un communiqué décrivant et dénonçant les quatre principales façons dont les entreprises multinationales de l’industrie minière profitent de la pandémie, au détriment des gens et de la planète.
Lisez le nouveau rapport qui explore ces tendances en détail avec des études de cas du monde entier :
L’industrie minière mondiale profite de la pandémie de COVID 19